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mercredi 1 novembre 2023

Chuck Palahniuk, chroniques vraies et déglinguées des États-Unis

Chuck Palahniuk – Voici le genre de livre qui risque de vous attirer des regards entendus si vous le lisez dans un lieu public: "Le Festival de la couille" réunit une série de textes journalistiques que l'écrivain américain Chuck Palahniuk, surtout connu pour son roman "Fight Club", a livrés à divers périodiques américains. 

Tout y est vrai, affirme l'auteur. Mais force est de relever que ce qu'il raconte est souvent incroyable. Il y a bien sûr une histoire de festival de la couille (en anglais "Testy Festy", je ne sais pas si c'est plus scabreux en français ou en anglais...), sorte de partouze villageoise ogresque avec dégustation d'amourettes de taureau organisée dans un hôtel du Montana, narrée avec tout le panache qu'il faut.

Mais il est aussi question d'un concours de démolition de moissonneuses-batteuses, de réunions d'écrivains en speed-dating avec des agents (un texte qui avance, et c'est bien vu, au rythme des sept minutes allouées à chaque entretien), de lutteurs pressentis pour les Jeux Olympiques. Il sera même question des coulisses du succès littéraire puis cinématographique de "Fight Club" et des aventures qu'il a values à leur auteur.

Ces textes, dès lors, ont la couleur du reportage littéraire réalisé en immersion, l'auteur concentrant à chaque fois ce que les gens lui racontent de plus remarquable sur une expérience donnée. La première partie, intitulée "Ensemble", réunit ainsi des récits à plusieurs interlocuteurs; la deuxième, "Portraits", donne à chaque fois la parole à une seule personne – des célébrités comme Marilyn Manson ou des originaux comme Rocket Guy, qui construit une fusée dans son jardin. Quant à "Seul", à la fin, c'est le moment personnel de l'écrivain, qui se raconte comme l'ont fait les autres acteurs du livre.

L'idée principale qui sous-tend ces récits, c'est que les gens ont toujours envie de se réunir autour d'intérêts communs, et que les événements organisés et vécus décrits dans ce livre se sont substitués aux rituels religieux dans une société sécularisée. En somme, tout est bon pour se rencontrer: orgies, groupes de parole, compétitions, etc. Vu comme cela, il y a du "Fight Club" dans chacun des textes de ce livre. Quant à l'activité d'écrivain, enfin, l'auteur rappelle qu'elle oscille constamment entre le temps de la solitude et celui des rencontres.

Avec "Le Festival de la couille", l'écrivain offre à son lectorat un ouvrage qui rappelle que souvent, la réalité dépasse largement la fiction. Souvent très drôle, toujours tonique, il balade aussi un regard original, entre tendresse et clin d'œil, sur nos frères humains un brin déglingués d'outre-Atlantique. 

Chuck Palahniuk, Le Festival de la couille, Paris, Folio, 2009/Paris, Denoël, 2005. Préface de l'auteur. Traduit de l'américain par Bernard Blanc.

Le site de Chuck Palahniuk, celui des éditions Folio.

Lu par Cédric FerrandLe Tourne Page, Livr0ns-n0usMoleskine et moiNicolas.

8 commentaires:

  1. Je t'avoue que le titre et la couverture ne m'auraient même donné l'idée de lire le résumé mais après lecture de ton avis, je le note. Je suis convaincue que la réalité dépasse largement la fiction et j'aime beaucoup la manière dont l'auteur s'intéresse à cette Amérique insolite. ça me rappelle un peu American rigolos que j'avais lu il y a plusieurs années.

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    1. Bonsoir Audrey! Oui, il y a un peu de "American rigolos" de Bill Bryson là-dedans, avec en plus la parole des principaux intéressés - en particulier dans la première partie. C'est un recueil de reportages qui mérite un coup d'œil, par-delà la couverture un peu zarbie.
      Bonne fin de semaine et bonnes lectures!

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  2. C'est sûr qu'il faut assumer si on sort ce livre dans un lieu public ;p ta chronique me donne envie de le lire en tout cas.

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    1. Arf! En effet, ça vaut la peine d'être découvert, par-delà un titre racoleur: c'est un sacré coup d'œil sur les gens des Etats-Unis, célèbres ou non. Je t'en souhaite une bonne lecture!

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  3. J'aime beaucoup cet auteur, son originalité et son ton mordant, irrévérencieux.. je n'ai pas lu ce recueil, mais je pense qu'il pourrait le plaire. J'avais en revanche tenté de lire "A l'estomac", mais le mien ne l'a pas supporté, je crois avoir lâché au deuxième texte (c'est aussi un recueil de nouvelles), vaincue par une scène immonde où un personnage se fait aspirer les intestins par la grille d'aspiration du fond d'une piscine. Rien que d'y repenser, brr..

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    1. Bonsoir Ingannmic! Merci pour ton commentaire! Oui, "Le festival de la Couille" a ce côté distancié et un brin caustique qui pourrait te plaire et a sans doute accroché les lecteurs de magazines en son temps, sans forcément le côté gore de cette histoire d'intestins (même si le texte éponyme est aussi gratinée dans son genre)...
      Bonne soirée et bonnes lectures à toi!

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  4. Coucou,
    et bien ce livre titille ma curiosité ;-)
    De l'humour dans les histoires vraies, c'est cool en ces temps tristes.
    Bisous

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    1. Coucou Didi! Aha: oui, le ton est au reportage dingue et ça vaut le voyage. C'est un petit livre qui vaut le coup d'œil!
      Bonne fin de semaine à toi!

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