Pages

dimanche 19 février 2023

Dimanche poétique 577: Arthur Rimbaud

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud (1854-1891). Source: Bonjour Poésie.

4 commentaires:

  1. J'adore ce poème ! La chute est assez surprenante, la première fois qu'on lit le sonnet on ne s'y attend pas...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rebonsoir Mathilde! :-) Même ressenti pour moi lorsque j'ai eu ce poème sous les yeux la première fois: c'est saisissant, même si le poète a placé ses indices mine de rien... Merci pour ton commentaire!

      Supprimer
  2. Ce poème, et même ce recueil de Verlaine en général, m'a toujours beaucoup émue. J'y pense régulièrement, bien que je ne l'ai pas relu depuis l'âge de 15 ans.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour!
      Le souvenir de ce poème m'est quant à moi revenu en lisant "Ombeline & Rodogune": une allusion s'y est glissée.
      Merci de ton commentaire, Caroline, et bonne fin de semaine à toi!

      Supprimer

Allez-y, lâchez-vous!