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vendredi 11 février 2022

Une muse pour un reportage en Australie

Pablo Davila – "Outback" est sans doute l'un des livres qui se trouve depuis le plus longtemps sur ma pile à lire puisque son auteur, Pablo Davila, me l'avait offert dans les années 1996. Quelle attente! Mais comme les livres ne souffrent guère des années qui passent, c'est avec plaisir que je me suis plongé dans ce bref récit de voyage dans l'Outback australien.

L'ouvrage relate, par éclats, l'histoire de trois jeunes journalistes partis faire un reportage filmé en Australie. Au programme: des animaux et des rencontres avec des aborigènes, entre autres avec un groupe de musique rock nommé Amunda, dont l'interview donne un aperçu de la difficulté de vivre des populations indigènes de l'île-continent. 

Perceront-ils le mystère australien, par-delà ce qui séduit les touristes, ou resteront-ils à la surface des choses? Au lecteur de se faire une idée en voyant évoluer les reporters. Il n'a que "Outback" pour se faire une idée: l'ouvrage ne dit pas si le reportage a bel et bien été finalisé, voire diffusé.

"Outback" est, un peu, le "reportage du reportage", certains chapitres évoquant les péripéties du métier: trouver un hélicoptère pour les prises de vues en hauteur, obtenir des autorisations de tournage. Mais ces chapitres sont minoritaires parce que l'auteur va bien plus loin que ça: c'est la résonance de ce voyage en lui qu'il dessine, éclat après éclat, soit par la chronique des jours, soit par des impressions relatées en vers libres.

Le narrateur, Pablo, détaille ainsi la vie avec ses collègues de reportage, Neal – qui a des soucis avec sa compagne restée au pays – et Gordo. Détail piquant: au moment où ils vont rencontrer un spécialiste des populations aborigènes, ils sont identifiés comme Suisses parce qu'ils viennent de Genève alors qu'aucun n'a cette nationalité. 

Plus d'une fois, il sera question du dégoût que suscitent certains usages typiquement occidentaux et irrespectueux, tels que la gêne occasionnée par des plagistes qui imposent leur raffut là où les tortues marines, avides de sérénité, viennent pondre. Même dégoût lors d'une escale en Thaïlande, dans un bar à filles. Le narrateur pourra paraître réticent parfois, dès lors, mais il lui arrive aussi de céder à ces divertissements. On pense au Nouvel An près d'Ayers Rock, par exemple, où on le voit sensible aux charmes féminins.

C'est cependant la figure d'une certaine Lyseuwë, qu'on découvre muse en fin de récit – figure à la voix "argentine", comme le pays d'origine de Pablo Davila, l'Argentine. L'occasion, pour conclure, de dire une reconnaissance à l'inspiratrice au nom étrange qui cache peut-être quelqu'un d'autre, et à l'inspiration, qui ou quelle qu'elle soit.

Pablo Davila, Outback, Grolley, Editions de l'Hèbe, 1993.

Le site des éditions de l'Hèbe.


Lu dans le cadre du Rendez-vous de la littérature sud-américaine, orchestré avec maestria par Ingannmic.


2 commentaires:

  1. Encore une belle proposition, originale et intrigante ! Intéressée par la culture aborigène, j'ai récemment ajouté à ma bibliothèque "Sourde colère" de Stan Grant, "L'appel du cacatoès noir" de John Danalis. Je note aussi ce titre, en complément..

    Bonne semaine !

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    1. Ce n'est peut-être pas aussi typique que d'autres, mais ça offre une sacrée ouverture, avec un auteur argentin, journaliste installé en Suisse et qui a osé l'Australie. Quel grand écart! A essayer, peut-être en commandant directement chez l'éditeur.
      Merci de votre commentaire, bonne semaine à vous!

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