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dimanche 4 juillet 2021

Dimanche poétique 504: Raymond Queneau


Cent mille milliards de poèmes

Du jeune avantageux la nymphe était éprise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
le Turc de ce temps-là pataugeait dans sa crise
et fermentent de même et les cuirs et les peaux

On vous fait devenir une orde marchandise
qui se plaît à flouer de pauvres provinciaux
un audacieux baron empoche toute accise
elle effraie le Berry comme les Morvandiaux

Le poète inspiré n'est point un polyglotte
le lâche peut arguer de sa mine pâlotte
le colonel s'éponge un blason dans la main

Frère je te comprends si parfois tu débloques
grignoter des bretzels distrait bien des colloques
le Beaune et le Chianti sont-ils le même vin?

Raymond Queneau (1903-1976), Cent mille milliards de poèmes, Paris, Gallimard, 1961. Source: Magnus Bodin

Une combine inépuisable, soit dit en passant: ces cent mille milliards de poèmes permettraient de faire des dimanches poétiques pendant environ 1 923 076 900 000 années... 

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas ce poème-là en particulier, mais j'aime beaucoup Raymond Queneau. Je l'ai découvert avec Zazie dans le métro, et je trouve qu'il a une manière d'écrire bien singulière qui vaut le détour. Bonne après-midi !

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    Réponses
    1. Tu aimes beaucoup Raymond Queneau? Alors nous sommes deux! :-)

      Je ne connaissais pas ce sonnet non plus, et il est sans doute inédit: l'auteur a créé un recueil de dix sonnets aux vers recombinables à volonté, ligne par ligne, permettant au lecteur d'en créer littéralement cent mille milliards.

      Le livre papier vaut le coup d'oeil avec ses bandelettes où figure à chaque fois un vers, et le lien vers le site de M. Magnus Bodin permet d'accéder à un système de combinaison aléatoire de vers en ligne.

      Merci de ta visite, Cocomb3!

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