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vendredi 13 novembre 2020

Le retour mortel du fantôme de Napoléon III

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Michel Canesi et Jamil Rahmani – Charlotte commence sa médecine, elle est branchée sur son ordinateur tant qu'il le faut. Et son père architecte, affectant une posture "vieille France", fait tout pour la sevrer de son Mac. C'est sur ces entrefaites que débute "La douleur du fantôme", thriller à la française bien ficelé qui donne envie de revoir Paris. Michel Canesi et Jamil Rahmani jouent ici la carte de Napoléon III en plaçant le Palais Garnier au centre de l'action. 

Quelques anecdotes, le plafond par Chagall, "Giselle" et "Le Lac des Cygnes" avec le souvenir de Rudolf Noureev dont Michel Canesi fut le médecin personnel: il n'en faut pas plus pour recréer l'esprit des lieux aux yeux d'un lecteur avide de culture générale et d'histoire. En particulier, les considérations sur l'interprétation du personnage de Giselle en ballet, aériennes et judicieuses, constituent de fort belles pages. 

Il n'y manque qu'un fantôme, à cet opéra... et celui-ci va bel et bien hanter ces lieux, où surviennent des drames, sur fond de nomination au poste envié de danseuse étoile. Une fléchette, un tatouage toxique, telles sont les armes du crime.

Cette attention aux lieux résonne avec la profession du père de Charlotte de Montbrun, architecte passionné du Second Empire, porteur d'un projet visant à raser et refaire le site universitaire de Jussieu. Elle résonne aussi avec l'approche d'autres lieux parisiens, en particulier Notre-Dame de Paris, observée à travers le prisme de ses orgues et d'une statue de Judas Iscariote. L'envie napoléonienne résonne jusqu'en province, à Biarritz ou Pierrefonds par exemple. 

Bizarre: les morts s'entassent un peu partout. Et Charlotte, toujours témoin, semble au centre de cette hécatombe. Est-elle la clé du mystère, sans le savoir?

Les auteurs excellent à reconstruire peu à peu un puzzle épatant, pétri de ces petites curiosités qui rendent l'Europe, mais aussi l'Egypte, délicieuse pour qui aime l'histoire. Ils jouent habilement avec les points de vue, introduisant en particulier un mystérieux Roland, virtuose de l'informatique, manipulateur adroit et justicier autoproclamé. Est-ce le fantôme du titre, celui de l'opéra et d'autres lieux? En tout cas, il exerce une emprise certaine sur une Charlotte qui se découvre amoureuse.

Comme dans tout bon thriller, le coupable finit par tomber le masque, et le lecteur s'avère surpris. Celui-ci aura fait une balade dans l'histoire, au son de la musique classique, au travers d'un récit de famille révoltant à plus d'un titre. Suicides extravagants ou assassinats spectaculaires: les méthodes de mise à mort sont toujours accrocheuses, flattant le penchant voyeur du lecteur. Un lecteur qui en redemande... 

Michel Canesi et Jamil Rahmani, La douleur du fantôme, Paris, Phébus, 2010.

Le site des éditions Phébus

Lu par EratoL'Oncle Paul.

2 commentaires:

  1. Un thriller qui a l'air bien original ! je me le note et te remercie pour la découverte.
    Bon week-end !

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  2. Le genre de thriller que j'aime bien parce qu'il y a aussi de la culture là-dedans. Bonne semaine à toi!

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