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mercredi 4 mars 2020

Temps clés dans la vie de Václav Havel, vus par un cheminot

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Antoine Choplin – Révolution de velours: c'est ainsi qu'on nomme la fin du régime communiste installé en Tchécoslovaquie. Le dramaturge Václav Havel a joué ici un rôle important. "Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar", roman d'Antoine Choplin, se replonge dans cette époque de grands changements – c'était en 1989 – en adoptant le point de vue d'un modeste photographe, Tomas Kusar, soudain embarqué presque malgré lui dans le tourbillon de l'Histoire.


Qui est Tomas Kusar? Personnage de fiction, c'est un garde-barrière passionné de photographie, sentimental qui plus est. Voilà que son existence va croiser celle de Václav Havel, et qu'il va se trouver embarqué dans des activités subversives. Discrètes, la narration le dit: mettre quelques envois de pétitions à la poste, tout au plus. Mais la police veille... et la "couverture" amoureuse avec Markéta, adroitement dessinée par l'auteur dans un souci de dire le trouble, s'avère fragile, dérisoire même.

En matière amoureuse, d'ailleurs, Tomas Kusar n'aura pas à choisir entre Lenka Panenkova et Markéta, puisque la vie le fera à sa place. Reste que ces deux personnages féminins sont porteurs d'options de vie: Markéta apparaît comme la possible révolutionnaire, celle qui peut changer une vie, alors que Lenka, cheminot comme Tomas Kusar, peut être vue comme porteuse d'un train-train quotidien – c'est le cas de le dire.

Question, dès lors: dans quel camp Tomas Kusar est-il? Est-il échoué quelque part au milieu? Allié de Václav Havel, on peut le croire adepte du nouveau monde. Mais le dernier chapitre rappelle que malgré les péripéties vécues en commun, quelque chose d'infranchissable sépare en définitive Tomas Kusar et Václav Havel: le pouvoir, qui met l'amitié au défi. Il n'y a qu'à ressentir l'ambiance embarrassée qui empreint le dernier chapitre du livre, montrant un Václav Havel devenu président de la République tchèque face à un Tomas Kusar demeuré modeste mais cependant porteur de lumière, symbolisée par l'offrande d'une lampe de cheminot.

L'auteur joue le rapprochement des artistes, en mettant en présence un cheminot photographe et un dramaturge activiste politique. Il mêle ainsi deux manières de voir le monde. Dans "Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar", la narration s'avère sobre, comme composée en mode mineur, construite en phrases courtes qui retracent les échanges parfois lapidaires qu'ont les hommes entre eux – l'intrigue se présente comme une affaire d'hommes. Rapides, lapidaires même, les répliques des dialogues elles-mêmes sont indiquées a minima, charge à l'auteur d'être attentif lorsque les personnages parlent. Et côté visuel, le lecteur voit les bouleaux qui hantent les photos de Tomas Kusar. Et les images potentiellement suspectes réquisitionnées par la police. Était-ce vraiment nécessaire?

Cela dit, cette sobriété presque sèche du style, écriture de velours comme peut l'être une révolution vue du côté des petites mains qui la rendent possible, laisse l'impression d'une curieuse distanciation. C'est comme si l'auteur donnait à son propos un supplément de force en l'observant de loin, mais aussi de façon globale, avec ces amis et collègues ébauchés et ces lieux où se déroulent des bals oubliés. Ce monde, enfin, où la fiction, observée au prisme des gens discrets, rencontre la grande histoire.

Antoine Choplin, Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar, Lyon, La Fosse aux Ours, 2017.


Le site des éditions La Fosse aux ours.

2 commentaires:

  1. Merci pour la découverte, je note ce titre.
    J'ai découvert Antoine Choplin, il y a déjà un bon moment, avec "Le héron de Guernica" que j'avais bien aimé.
    Bonne journée !

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    1. Il faudra aussi que j'essaie d'autres romans de cet écrivain: il en a écrit plusieurs.
      Bonne fin de journée!

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