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lundi 11 septembre 2017

Quand Lucie Brasseur jongle avec les genres et formes littéraires

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Le site de l'écrivaine, celui de l'éditeur.
En partenariat avec SimPlement.pro.

Prostituée la nuit, écrivaine de contes pour enfants le jour: Maryline Amets, le personnage principal de "Il était une fois la Fée-Chabada", cumule les contrastes. Cela permet à la romancière Lucie Brasseur, qui signe là son troisième roman, de tisser un ouvrage où les intrigues s'entremêlent avec maîtrise: tantôt le lecteur est dans le conte, tantôt dans une ambiance de thriller - sans oublier un brin de romance. Et c'est une excellente chose!

L'écrivaine ne recule pas devant le sordide lorsqu'il faut dépeindre le monde où évolue Maryline, celui de la prostitution, puis de la prison - même si ce dernier lieu paraît, en tout cas dans un premier temps, un peu trop amène, avec sa camaraderie entre détenues qui se rendent service. L'emprisonnement semble d'ailleurs longtemps absurde, distillant quelque chose de kafkaïen dans le roman... L'atmosphère de la chambre d'hôtel miteuse louée à l'heure où exerce Maryline, en revanche, est bien rendue. En une scène d'exposition, elle permet de présenter le personnage d'Oscar, un garçon roux aux lunettes épaisses, qui va jouer un rôle important.

Face à cet univers réaliste, la romancière donne la plume à Maryline pour lui faire citer des passages des contes qu'elle écrit pour les enfants et publie sur un blog, envers et contre tout, y compris depuis la prison. Il y sera question de géants, sortes de divinités qui décident de la destinée de l'univers tous les mille ans lors de joutes qui tiennent à la fois du jeu de l'oie et du quiz télévisé, avec des jeux de clés qui ne sont pas sans rappeler Fort Boyard.

L'écriture est ainsi présentée comme un moyen d'évasion pour Maryline, dans tous les sens du terme. Les textes sortent de la prison pour paraître sur un blog, suggérant que si le corps de Maryline est prisonnier (et il l'est aussi, d'une certaine manière, lorsqu'elle se prostitue), sacrifié, son âme est toujours vivace et préservée, capable de s'extraire de toute contingence humaine pour s'exprimer. Et en amont, source d'inspiration, le rêve est un thème clé de "Il était une fois la Fée-Chabada": c'est un autre facteur d'évasion important. Enfin, impossible de ne pas relever quelques traits ésotériques, tels que le pseudonyme de Maryline (Iémanja, du nom d'une divinité africaine et afro-américaine, volontiers associée à la Sainte Vierge...) ou l'apparition de cartes de tarot, réelles ou réinventées, porteuses de sens.

Tant de mondes en 258 pages, c'est aussi la nécessité de jongler avec les styles, les voix qui rythment le récit. Celles-ci sont finement nuancées: épisodes marqués par l'inventivité, lettres (parfois un peu trop "écrites", trop soignées, pour le coup), rencontres avec un avocat décrit comme gris et falot (il s'appelle Grison, tout un programme!), tout a sa personnalité. Et puisqu'on parle de personnalité, il convient de relever aussi que les personnages sont solidement construits, et savent surprendre au gré de quelques retournements de situation.

"Il était une fois la Fée-Chabada" s'ouvre sur un prélude en contrastes tranchés, qui est un programme: le propos de ce roman va toucher au sordide comme au sublime. Servi par une écriture aisée, portée par une musique de jazz omniprésente (ce que suggère le titre, déjà), ce livre s'avère savoureux: on apprécie la manière dont l'auteure joue avec les codes et fait dialoguer avec succès des genres et formes d'écriture que rien ne prédispose à se rapprocher.

Lucie Brasseur, Il était une fois la Fée-Chabada, Lectoure, Yakabooks, 2016.

4 commentaires:

  1. Il a l'air intéressant ce roman, le sujet me parle beaucoup! Je vais noter la référence:-)

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    1. Il l'est: l'histoire est intéressante, et le mélange des genres et formes est réussi. A essayer donc! En plus, ce livre ne coûte que deux euros...

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  2. Ça m'a l'air très intéressant et original, ce roman des contrastes, avec mélange des genres et des formes ! Un mélange conte (ça c'est irrésistible pour moi), thriller, romance... Oui, ça me parle bien tout ça ! Je note !

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    1. Ah oui, et le mélange fonctionne! C'est donc une bonne découverte à faire. Je t'en souhaite donc une agréable lecture!

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