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lundi 4 septembre 2017

Francis Bonca: un livre à la recherche du père

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L'écrivain suisse Francis Bonca, alias Pierre von Gunten, est également musicien et peintre, sous des pseudonymes divers. Son dernier roman, "Je m'appelle Jennylyn", s'inscrit dans le programme de la rentrée littéraire des éditions Plaisir de lire, que je remercie pour l'envoi d'un exemplaire. Jennylyn, c'est un chalet. C'est aussi le prénom d'une fille qui, majeure, se met à la recherche de son père, pour ainsi dire un parfait inconnu.

Disons-le d'emblée: la quête mise en scène dans "Je m'appelle Jennylyn" ne connaîtra pas d'autre obstacle que ceux indissociables d'une telle recherche: géographie, voyages prenants, masques et faux semblants. De son côté, Jennylyn, jeune femme douée pour les arts (elle a étudié la danse classique avant de se consacrer à la littérature), profite du soutien plus ou moins marqué de ses proches et de ses amis. Très vite, on comprend donc que tout va bien se passer. Et on en est heureux, d'autant plus que Jennylyn, avec ses doutes et sa détermination, est attachante.

L'intérêt de ce roman réside donc ailleurs. Il se trouve avant tout dans la belle galerie de portraits de personnages que l'auteur met en place. On pense naturellement à Julie, la Parisienne gouailleuse et passionnée par la quête de Jennylyn - qui permet d'ailleurs à l'auteur de dessiner une autre forme de relation entre un père et sa fille: alors que Jennylyn cherche son père, Julie ne veut plus le voir. Il y a aussi quelques figures masculines, soutiens, peut-être annonciateurs du père: un jeune homme aux talents de médium, un vieil homme encourageant, un beau-père qui offre un appui financier parce qu'il considère que la quête de Jennylyn est juste, et des informateurs qui amènent leur contribution. Cela, sans oublier cet homme qui boit et n'ose pas aborder correctement une femme... Ainsi émerge une image foncièrement bienveillante de l'être humain en général, au féminin ou au masculin (un peu plus souvent), loin de toute culpabilisation.

Autre aspect important: au fil des pages de "Je m'appelle Jennylyn", on voit le personnage principal mûrir, grandir au gré d'une quête qui va l'obliger à s'affirmer et à se définir, jusqu'à devenir plus complète en retrouvant ses racines. A cette aune, il est permis de considérer que sa rupture d'avec Jan, son amour de jeunesse, fait également figure d'adieu adressé à une partie de sa vie. Et que les promenades de Jennylyn à travers Genève constituent une volonté de mieux connaître le lieu où elle passe sa vie.

L'intérêt bienveillant envers l'humanité témoigné par "Je m'appelle Jennylyn" fait oublier une petite hésitation en début de roman (le père de Jennylyn est-il russe ou ukrainien?), et des décors ébauchés avec justesse, mais qu'on aurait aimés parfois plus appuyés, surtout lorsqu'il est question de lieux lointains comme Odessa. Cela dit, il est juste aussi de rappeler que la ville de Genève est observée d'un oeil affûté, auquel vient s'ajouter le regard extérieur du personnage de Julie la Parisienne: c'est aussi l'un des indéniables points forts de ce roman. Le lecteur se souviendra enfin d'une écriture travaillée en simplicité, qui s'autorise quelques variations formelles pour donner un supplément de rythme au roman: lettres, pages de journal, messages échangés entre les personnages. Tout cela pour faire de "Je m'appelle Jennylyn" un roman écrit en un agréable mode majeur.

Francis Bonca, Je m'appelle Jennylyn, Lausanne, Plaisir de lire, 2017.

4 commentaires:

  1. Réponses
    1. Tout à fait! Avec des voyages qui forment la jeunesse...

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  2. Ce livre a l'air vraiment prenant. Je vais l'ajouter à ma WL. Merci pour cette découverte *.*

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    1. En effet, c'est une lecture fort sympathique. A commander sur le site Internet de l'éditeur, qui est en Suisse (et a un beau catalogue, soit dit en passant!).

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