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jeudi 29 juin 2017

Notes sur "Le portrait de Dawn Dunlap" d'Olivier Mathieu

Il y aurait indéniablement beaucoup à dire sur le rapport que l’écrivain Olivier Mathieu entretient avec la photographie. Parmi ses livres, nombreux sont ceux qui sont enrichis d’images tirées, souvent, d’albums de famille. Il n’est pas étonnant, dès lors, que l’affaire David Hamilton l’interpelle, à telle enseigne qu’il lui consacre un blog où il expose son avis personnel sur l’affaire. Rien d’étonnant non plus, de la part de cet auteur, s’il livre à ses lecteurs cette méditation de quelques dizaines de pages intitulée Le Portrait de Dawn Dunlap.

Ce petit livre s’ouvre sur le ressassement des souvenirs de l’homme de lettres, fidèle à son habitude de faire de sa propre vie la matière de son œuvre. Les lecteurs se retrouvent donc en terrain familier : il y a les filles d’Arromanches, et l’évocation de la mémoire des artistes qui ont entouré l’enfance de l’auteur. On y trouve une attention aux petites choses, des framboises dégustées par exemple, ainsi qu’une nostalgie d’un temps qui ne reviendra pas.

Et il y a des coïncidences troublantes, des dates qui résonnent. Elles permettent à l’auteur de glisser vers le cœur de son sujet : le regard porté par David Hamilton sur les très jeunes filles qu’il photographie. Et plus particulièrement Dawn Dunlap, modèle fameux, évoqué en termes de pureté et d’innocence – une innocence vue comme rare et fugace. A son tour, Dawn Dunlap rappelle des filles disparues de la vie de l’auteur, à l’instar d’Alice, sa propre fille, dédicataire d’ailleurs d’un roman précédent, intitulé Les drapeaux sont éteints. Une Alice qui rappelle Lewis Carrol…

Par deux fois, l’auteur cite la phrase de David Hamilton : « Le sourire, c’est bon pour les photos de vacances », rappelant, à la première citation, que lui-même ne sourit presque jamais sur ses photos d’enfance. On peut regretter qu’il reprenne cette phrase en début du chapitre « Philosophie du sourire », introduisant ainsi une mercuriale à l’encontre des êtres humains d’aujourd’hui. Celle-ci dissone, tel un couac pénible sur le mouvement lent et mélancolique d’un quatuor à cordes.

Récit d’une émotion partagée, Le Portrait de Dawn Dunlap est un petit livre richement documenté, et celui qui souhaite aller plus loin piochera avec profit dans l’abondante bibliographie qui le complète. Enfin, le lecteur laissera résonner, en complément à cet opus, les citations que l’auteur lui livre au sujet de David Hamilton – qu’elles soient de lui ou de ceux qui en ont parlé.


Olivier Mathieu, Le Portrait de Dawn Dunlap, Cluj-Napoca, Casa Cartii de Stiinta, 2017.

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