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lundi 2 janvier 2017

D'hilarantes ripailles avec Sébastien G. Couture et Michaël Perruchoud


Oyez, oyez, bonnes gens! Après "Ceux de Corneauduc", le duo de choc composé de Sébastien G. Couture et Michaël Perruchoud fait paraître "L'Héritier de Minnetoy-Corbières", deuxième tome d'une tétralogie médiévale hilarante dont la genèse est à retrouver dans un feuilleton en ligne. L'esprit demeure le même: tours de langage à l'ancienne, poilades et esprit gaulois à pleines poignées, verve truculente à la François Rabelais et ripailles demeurent au menu. Cela, sans oublier de nombreuses aventures. A noter, avant toute considération, que les auteurs paient de leur personne en apparaissant, déguisés et braillards, en couverture du livre.

Reprenons le récit là où il est resté: le duc de Minnetoy-Corbières est "mortecouilles" à la suite d'une bagarre funeste. Or, il lui faut un héritier, sans quoi son fruste et minuscule duché passera aux mains de ses cousins honnis. La femme du duc, Italienne de très noble extraction, croit tenir la solution... et le duc envoie deux de ses hommes de confiance en mission en Italie, à la recherche d'un probable bâtard. Ainsi démarre une road story médiévale riche en péripéties délirantes.

La comparaison entre le fruste duché français de Minnetoy-Corbières et l'Italie en général s'avère cruelle pour le premier: les auteurs ne manquent jamais de souligner le côté cultivé des Italiens, en particulier leur science des langues. Autant dire que les deux lascars dépêchés en mission ne passent jamais inaperçus! Comme dans le premier volume de la série, les auteurs utilisent l'alcool comme élément médiateur et facilitateur de contacts. Cela, d'autant plus que les qualités des vins français et italiens sont reconnues de part et d'autre: pas de chauvinisme mal placé autour de la chopine!

A l'heure où tant de monde prétend avoir une morale originale à présenter à la Terre entière (qui s'en fout le plus souvent), l'un des aspects les plus réjouissants et salutaires de cet opus est qu'il s'avère parfaitement décomplexé et renonce à dispenser la moindre leçon. Le lecteur retrouve dans "L'Héritier de Minnetoy-Corbières" le monde d'hommes mis en scène dans "Ceux de Corneauduc", un monde où les femmes savent aussi trouver leur chemin, y compris à coups de taloches, par exemple si les mains des hommes, en taverne, s'avèrent trop baladeuses. Les voies détournées sont souvent plus efficaces que les moyens intègres pour atteindre un objectif. Quant aux personnages, abrutis ou non par d'alcooleuses chopines (consommées sans modération, on l'a compris!), ils sont volontiers plus bêtes que méchants, à la façon des méchants de Lucky Luke. Tout cela offre à ce roman une grande liberté et, partant, l'agrément irremplaçable d'un divertissement sans arrière-pensée.

Quant au style, on retrouve avec un bonheur jouissif, dans "L'Héritier de Minnetoy-Corbières" ce langage en faux vieux, allusif ou elliptique, joliment fleuri, qui fait déjà le charme de "Ceux de Corneauduc". Le lecteur sera surpris par l'omniprésence de l'adverbe "incontinent", qui signifie "immédiatement". Est-ce un tic de langage qui a échappé à la correction? Sans doute pas. Je préfère croire que les auteurs suggèrent ainsi qu'avec moult pintes bien diurétiques dans le gaster, tout un chacun finit par devenir, justement, un chouïa... incontinent.

Sébastien G. Couture et Michaël Perruchoud, L'Héritier de Minnetoy-Corbières, Genève, Cousu Mouche, 2016.

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