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jeudi 17 octobre 2024

Premier polar de Dan Philip: New York, le crime et la rigueur

Dan Philip – Après deux romans de littérature blanche publiés sous son vrai nom chez l'éditeur suisse Pierre Philippe, c'est sous le pseudonyme de Dan Philip que l'écrivain stéphanois Philippe Peyron se lance dans l'écriture de romans policiers à l'américaine: nouveau genre, nouveau nom! Le premier tome de sa saga des enquêtes de O'Connor a paru l'an dernier. Son titre? "L'affaire Johnson". L'enquêteur? C'est le détective Duncan O'Connor, réputé pour considérer que personne n'agit au hasard. C'est cette règle d'or qui guide un travail qui le fait paraître bizarre, voire inhumain.

Basée à New York, "L'affaire Johnson" prend la forme de la révision d'une enquête: tout semble accuser Peter Johnson d'avoir assassiné, mais il y a quand même quelques zones d'ombre. Sur demande de la femme de Johnson et en collaboration pas toujours facile avec l'avocate Alicia Kelly, le détective va relancer l'enquête. Jusqu'au procès, le temps presse, et l'enjeu est de taille: sans résultat, ce sera perpète!

L'auteur construit avec habileté une équipe de personnages amenés à travailler ensemble, non sans frictions. Autour de Duncan O'Connor, il y a deux détectives apprentis aux styles contrastés: Blake White le Noir qui sait se faire caméléon, et Warren Curtis, le geek mutique. Quelques scènes pleines de malice permettent de mettre en avant les qualités des uns et des autres, en particulier de Warren Curtis, qui risque la gaffe à chaque réplique un peu trop longue (plus de trois mots). 

Plus d'un personnage de ce roman porte en lui une blessure venue du passé. L'auteur en dit même assez pour donner l'impression qu'avant ce premier polar, il y a peut-être eu un roman zéro: le deuil travaille un O'Connor qui a perdu sa femme accidentellement, en raison d'un excès de rigueur, et qui conserve d'elle un Rubik's Cube qu'elle lui a offert. Celui-ci sert de fil rouge à l'intrigue: s'il énerve tous les personnages qui ont affaire au détective, il sert aussi de métaphore de l'avancement de l'enquête: une face, deux faces, un peu de casse... avant que l'harmonie des six faces dûment reconstituées ne revienne.

Il en résulte une intrigue captivante et rythmée, fonctionnant sur des personnages bien campés, ce qui vaut quelques éclats qui sont autant de rebondissements. Il y a aussi de la rigueur dans la recherche de la vérité et des indices qui concourent à la composer: les pures spéculations ne suffisent jamais, seuls comptent les faits. Quant aux capacités de déduction hors pair d'O'Connor, elles ne sont pas sans rappeler celles d'un Sherlock Holmes particulièrement clairvoyant, le goût de la confrontation en plus.

Reste à deviner ce que signifie la fin de l'histoire: Peter Johnson va connaître les rigueurs de la justice, certes, mais pas pour ce dont il est accusé; il n'en saura rien, et l'équipe d'enquêteurs y est bien pour quelque chose. La justice est-elle encore juste, dès lors? Au terme de l'enquête, O'Connor va gagner une collaboratrice. Et il est probable que l'un des tomes suivants de la saga offre à Peter Johnson, plombier devenu riche par son mariage, l'occasion de rebondir.

Dan Philip, L'affaire Johnson, Montbrison, Dan Philip, 2023.

Le site de Dan Philip.

Lu par Sab, Sonia.


4 commentaires:

  1. J'avais vu passer le livre sans aller plus loin mais je reconnais que ton avis titille ma curiosité appréciant ce genre de livre bien ficelé et les enquêteurs au sens de la déduction connoté Sherlock Holmes !

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    1. Bonsoir Audrey! Oui, c'est un bon polar, qui se dévore littéralement, avec cependant une fin déroutante. Mais c'est le aussi premier volume d'une saga dont le troisième tome vient de paraître... Bonne découverte et bonne semaine à toi!

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  2. Une lecture que j'avais apprécié : l'auteur maitrise les codes du polar.

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    1. Bonjour Alex! Oui, c'est maîtrisé en effet! Et cet univers est plaisant. Il y a des suites, à découvrir donc...

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