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lundi 24 août 2020

Portrait de famille avec zones d'ombre

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Laurence Tellier-Loniewski – Il fait beau en ce jour de funérailles en Bretagne, le soleil est même montré comme "joyeux, vindicatif, irrespectueux des âmes plombées". Et tout le monde est là pour assister aux funérailles de Morgane Le Guhennec, 21 ans, toxicomane: le curé, les indiscrets, la famille, les amis junkies. C'est sur ce tutti funèbre, narré par Morgane depuis le fond de son cercueil, que s'ouvre "Une vie parallèle", deuxième roman de l'avocate Laurence Tellier-Loniewski. 

La suite est structurée comme une suite de solos. La narration passe à la troisième personne, et les points de vue varient en fonction du personnage qui est au centre de chaque chapitre. La chronologie est quant à elle inversée: chaque chapitre est un peu plus reculé dans le temps par rapport au jour des funérailles. Ainsi se dessine peu à peu le portrait de Morgane vu au travers de son entourage, et la réponse à une question: "Comment en est-on arrivé là?"

Se dessine dès lors le parcours de la famille Le Guhennec, de bonne bourgeoisie provinciale, avec ses hypocrisies, ses pesanteurs et ses rigidités. La plume de la romancière est acérée pour décrire une vie où l'on aspire toujours à plus et à mieux, sans forcément pouvoir se le permettre – comme l'illustre la volonté de la mère de Morgane de s'introduire dans les rallyes des beaux quartiers, ceux qui investissent le restaurant Maxim's pour des fêtes en apparence sages, mais où l'alcool et la drogue circulent en coulisse.

Il y a aussi de la férocité, par exemple lorsque la cousine de Morgane, Anne-Laure, se fait éjecter de sa serviette de bain sans ménagement par deux mecs qui n'ont d'yeux que pour sa cousine. La romancière fait du reste d'Anne-Laure la souffre-douleur idéale de la famille, à la fois grosse et bête dans une famille où l'on est en général mince et où l'on se pique d'intelligence.

Le motif des secrets de famille est également présent, avec un photographe bien connu qui aime un peu trop les enfants. Il emportera son secret dans la tombe, faisant l'objet d'une nécrologie élogieuse de la part d'un journal local pas très curieux. Morgane n'aura pas cette chance.

Description pointue d'une famille en proie à ses névroses dont Morgane Le Guhennec, la voix qui chante dans ce récit, est le produit, "Une vie parallèle" s'avère un roman rapide, à la fois noir et drôle, grinçant à tous les coups. Une excellente découverte, une belle surprise.

Laurence Tellier-Loniewski, Une vie parallèle, Paris, Gallimard, 2013.

Le site des éditions Gallimard.


4 commentaires:

  1. Ce livre a l'air vraiment bien, j'aime beaucoup les histoires de famille je trouve ça toujours intéressant de voir comment une famille cache des secrets

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    1. Le secret de famille n'est peut-être pas au coeur de ce roman, mais on est effectivement dans la description d'une famille qui fonctionne de façon un peu bizarre. Si tu recherches ce genre de thématique, en effet, on est pile dedans!
      Je te souhaite une bonne journée!

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  2. Voilà un livre qui pourrait me plaire, je le note de suite et te remercie pour la découverte !
    Bonne journée !

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    1. Avec plaisir! En effet, c'est une bonne lecture, une chouette surprise pour moi.
      Bonne journée à toi!

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