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lundi 23 janvier 2017

Valérie Boronad, la traque des démons

Lu par Clarabel

Argentine, guerre sale. "Los Demonios", c'est la guérilla et la dictature. C'est aussi le titre du deuxième roman de Valérie Boronad, après le remarqué "Les constellations du hasard". L'écrivaine n'a certes pas de racines argentines, mais selon ses propres dires, ce pays s'est imposé sous sa plume, avec l'émergence du personnage de Tango, ce garçon qui veut connaître l'histoire des siens et, ce faisant, conjurer ses démons intérieurs - "Demonios", en écho à ceux qui ont sévi en Argentine dans les années 1970.

"Los Demonios" est porté par une écriture splendide, travaillée pour envoûter le lecteur. Celui-ci constate le souci du rythme, évident si l'on pense à ces chapitres qui portent le même nom et créent ainsi un lien entre eux, ou alors aux répétitions de mots. Cela, sans oublier le tic de langage assumé de Tango, qui aime le mot "nonobstant": celui-ci aussi devient récurrent.

Il faut un peu de temps pour entrer dans le récit et découvrir, peu à peu, les forces en présence. Il y a là des parents engagés contre le régime politique: plus précisément un père que l'enfant idéalise, qu'il attend en vain. Et aussi une mère qui va partir avec son fils pour la France, où Tango va se construire, grandir, perdre ses illusions et partir peu à peu à la recherche de la vérité. Et un vieil homme à histoires.

Pour dire la multiplicité des personnages, l'auteure choisit la forme du roman polyphonique. Les voix sont subtilement travaillées, quelques raccourcis (omission du mot "ne" dans les négations, par exemple) suggèrent la tentation de l'oralité. A cela vient s'ajouter une série poignante de lettres que l'enfant a envoyées à différentes organisations susceptibles de l'aider dans sa quête: ambassade, consulat, ONG. Et bien sûr la voix de l'écrivain: devenu grand, l'enfant choisit la forme du roman pour évoquer son expérience. 

C'est en Argentine que l'auteure amène ses lecteurs. Mais "Los Demonios" est un roman passionné où résonnent d'autres heures barbares de l'histoire européenne. Exemplaire, il touche ainsi à l'universel. 

Valérie Boronad, Los Demonios, Paris, Belfond, 2009.


2 commentaires:

  1. Un nouveau blog tout en couleur, ça change. J'aime beaucoup.

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  2. Merci! En effet, c'est plus frais. Je pourrais faire des retouches plus tard, à voir!

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