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mercredi 14 juillet 2021

Quand Vincent Duluc vibre avec l'AS Saint-Etienne

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Vincent Duluc – "Un printemps 76", c'est le roman foisonnant d'une jeunesse, celle de l'auteur, Vincent Duluc, qui vivait alors ses treize ans comme un fils d'enseignant un peu cancre qui apprenait sa géographie dans les pages sportives de la presse. Celui qui est devenu journaliste sportif y relate aussi, et cela devient peu à peu le cœur du récit, la finale de la coupe des champions européens 1975-1976, mettant aux prises l'AS Saint-Etienne et le Bayern de Munich à Glasgow, et qui a valu un triomphe au club stéphanois, malgré sa défaite.

L'auteur organise son récit en crescendo, commençant par se revoir à treize ans, entre slows stratégiquement organisés, collège et colles. Il plante un décor provincial, triangle défini par Bourg-en-Bresse, où la vie se passe à treize ans, Lyon, la métropole, et Saint-Etienne, qui va soudain apparaître en grand sur la carte du monde et rayonner dans toute une région, voire au-delà. L'auteur met en contraste le parcours de l'AS Saint-Etienne en regard d'une ville qui se désindustrialise, évoquant notamment la disparition de Manufrance et la fermeture des mines. Le football fait ainsi figure de revanche.

Mais progressivement, c'est bien l'AS Saint-Etienne qui finit par occuper toute la place, comme elle occupe beaucoup d'espace dans le cœur d'un narrateur qui aime les posters de l'Ange vert, Dominique Rocheteau. Sur un ton glorieux, l'auteur confère au club des origines quasi divines, puisque les matches de foot sont une bonne chose pour occuper les dimanches après-midi, une fois qu'on a digéré le sermon et le repas. 

C'est aussi au travers des hommes que l'auteur raconte le club. Il y a Dominique Rocheteau et sa blessure, bien sûr, mais aussi quelques joueurs qu'on a peut-être oubliés. C'est cependant les instigateurs qui donnent lieu aux portraits les plus pittoresques – on pense à la famille de Geoffroy Guichard, l'homme des magasins Casino, et notamment à son fils Pierre, mise en parallèle avec celle de l'industriel Etienne Mimard, patron de Manufrance.

Et non content de faire patienter le lecteur jusqu'à la fin du livre ou presque avant de livrer des reflets du match légendaire de Glasgow, l'auteur ralentit encore l'action en évoquant... les publicités qui passent à la télé avant le match. C'est réaliste, et habile du point de vue du rythme: le lecteur devient aussi impatient que l'ado qui attend le match devant son poste de télévision. Un poste qui a ses caprices, avec notamment une retransmission coupée au moment du but fatidique. Enfin, et c'est attendu, l'auteur évoque la fameuse question des "poteaux carrés": s'ils avaient été ronds comme presque partout ailleurs, l'AS Saint-Etienne aurait gagné ce soir-là.

On relèvera que le match du 12 mai 1976 marque aujourd'hui encore, quarante-cinq ans après, le territoire stéphanois, ne serait-ce que par le nom de deux bistrots fort recommandables: le Glasgow, place de l'Hôtel-de-Ville, et les Poteaux Carrés, place Jean-Jaurès. Surtout, il est resté dans les mémoires, et l'auteur a su en capter l'essence au travers d'un ouvrage très personnel, nourri par un talent de conteur passionnant, évocateur aussi de la naissance d'une vocation de journaliste. Allez les Verts!

Vincent Duluc, Un printemps 76, Paris, Stock, 2016.

Le site des éditions Stock.

Egalement lu par Benoît Richard, Guy ChassigneuxHenri-Charles DahlemJoëlle, Joyeux drilleMes Miscellanées, Romanthé, Sophie, Yves.

2 commentaires:

  1. absolument pas pour moi même si la période m'intéresse (tu auras compris ce que je n'aime pas du tout^^)

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    1. No Soucy! De mon côté, c'est au moins autant le côté Saint-Etienne que le côté foot qui m'a attiré. Et aussi, justement, le fait d'avoir rencontré l'auteur à Saint-Etienne...
      Bonne journée à toi!

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