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mercredi 6 juin 2018

Note de lecture sur la quatrième livraison de "L'Epître"

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Collectif – Cela fait déjà un certain nombre d'années que "L'Epître" est un promoteur distingué de la littérature brève: nombreux sont les poèmes et les nouvelles qui ont paru sur le site Internet de cette organisation, animée par une équipe d'universitaires de Fribourg. En plus d'apparaître en ligne, "L'Epître" a sa version papier, éditée par les Presses littéraires de Fribourg. La quatrième livraison a paru dans le courant de l'année 2017 et s'intitule fort pertinemment "L'Epître IV". A noter que le choix d'un chiffre romain pour numéroter cette livraison, comme les précédentes du reste, paraît dénoter l'ambition de s'inscrire dans une tradition qui nous dépasse tous.


Au programme, des nouvelles et des poèmes, écrits par onze écrivains, chevronnés ou prometteurs, à des stades différents de leur métier de plume. On repère par exemple la longue nouvelle "L'Ami" de Jean-François Haas, qui publie habituellement au Seuil et joue ici sur ce Pierre noir (Schwarzpeter, puis Peter Schwarz) dont personne ne veut, dont on se fait un ami... et qui n'existe peut-être pas. Cela, dans le cadre glaçant d'un emprisonnement politique survenu en Suisse.

Côté nouvelles toujours, si "Tendre" de Stéphane Berney apparaît comme très abstraite à force d'être allusive même si l'on y décèle un verre de vin rouge et des séquences aux titres courts comme une moquerie (on pense à Joris-Karl Huysmans, de ce point de vue là), le lecteur appréciera le réalisme franc de "Argent Sahara métallisé", nouvelle de Nicolas Violi. Cela, même si le personnage principal de ce texte, un consultant riche avant l'âge, apparaît bien indécis (c'est là le leitmotiv de la nouvelle) alors qu'on l'attendrait sûr de lui. Enfin, même si l'on voit venir sa chute d'assez loin, la nouvelle "La Chambre de l'enfant" d'Olivier Pitteloud marque les esprits en alliant force et sensibilité, autour de l'amour filial.

La poésie se taille une belle part de cette quatrième livraison de "L'Epître", et elle apparaît comme le lieu d'expériences qui intriguent, déroutent ou séduisent, l'un n'empêchant pas l'autre. Stefano Christen offre avec "En pelote de pénombre" un jeu visuel de lettres et de mots éclatés qui laissent la page bien blanche; mais on appréciera la manière dont il file le champ lexical du chat (et aussi du chien) pour décrire des animaux, par éclats synthétiques qu'on imagine volontiers lus à voix haute. Dans "D'invisibles flammes" de Vincent Annen, impossible de ne pas être happé par l'incroyable sensualité de "Corps nu"... où il est question de cerises. Enfin, dans un style plus sage, le cycle de poèmes "Perspectives végétales" de Catherine Charpié amène dans le recueil la musique de vers classiques revisités où la nature trouve toute sa place.

Lieu des audaces et des expériences, "L'Epître IV" est aussi le lieu où s'expriment, sur un pied d'égalité, les jeunes écrivains comme les auteurs habitués du métier. Qu'elles soient terre à terre ou éthérées, les choses dites racontent le monde comme la ville de Fribourg, dans un souci constant de qualité.

Collectif, L'Epître IV, Fribourg, Presses littéraires de Fribourg, 2017.



Ils en parlent aussi: Des livres et nousL'Ivresse littéraire.

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