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lundi 21 mai 2018

Pat Genet, quand la poésie va vite et dit l'amour

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Pat Genet – Du rythme, des syncopes et de l'amour: c'est ce que le lecteur de "Animal torpedo", recueil de poésies libres de l'écrivain valaisan Pat Genet, découvre. La lecture va vite, les mots sont rares et denses, les pages aérées, la ponctuation inexistante plonge le lecteur en une brève apnée: pas de doute, on va toujours à l'essentiel.


L'ambiance? Le recueil apparaît comme une déclaration amoureuse en trente-neuf stances plus une – ce "3h46" où les sentiments s'épanchent enfin, sans contrainte. Les stances sont d'aujourd'hui: ce sont celles d'une jeunesse actuelle qui voyage, en Suisse et ailleurs. En témoignent la citation d'horaires ferroviaires, d'Ostende, ainsi que le rappel d'un instant volé du côté du Pont Charles à Prague, parce que l'amour s'accroche parfois aux lieux visités. Instant volé? Oui! Quelques mots suffisent à dire un ressenti fugace, alors pourquoi se répandre? Et les vers sont courts, libres: ils claquent sans complexe.

Ainsi ces poèmes s'ouvrent toujours par "je" ou "tu", ou presque. Des pronoms qui n'appellent pas forcément un verbe! L'auteur les pose plutôt comme l'annonce d'un thème: soit il est question de l'amoureux, soit on parle de celle qui est aimée. Et exceptionnellement, le poème IX commence par "vous". Comme s'il y avait un tiers dans l'histoire. Le poème indique "neuf mois": de "je" et de "tu", faut-il concevoir qu'il y eut conception? Elément important! C'est cependant sur un "je" que ce poème s'achève. Comme s'il fallait opposer le "je" du poète, exclu de quelque chose d'essentiel, au "vous" de la mère et de son enfant.

"Je", "tu"... voilà ce qui structure la musique d'"Animal torpedo". Ces pronoms suffisent à faire un vers entier en début de chaque poème. Ils apparaissent aussi en fin de vers, bien mis en évidence, et incitant le lecteur à s'arrêter en un hoquet qui malmène, pour lui donner davantage de sens, la course des mots d'une langue française habituellement plus fluide, plus rassurante.

Et les mots, enfin: ils suggèrent des univers nocturnes, impression confirmée par le poème "3h46" qui conclut le recueil en un esprit de plénitude. Mais avant, il y a les bars, les draps, le train de 3 heures 17. Aux antipodes d'un long marivaudage chantourné, il en résulte une poésie résolument urbaine, qui claque en stances brèves et dit l'essentiel en peu de mots. "Animal torpedo" est le livre d'un homme amoureux, passionné, prêt à traverser toutes les routes humaines et à revêtir toutes les peaux animales, chocard, léopard ou cheval, pour être avec celle dont il rêve. Sans qu'un mot ne soit de trop.

Pat Genet, Animal torpedo, Genève, Cousu Mouche, 2017.

Le site des éditions Cousu Mouche.

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