Pages

vendredi 26 avril 2024

Les conséquences d'un incendie énigmatique en Lavaux

Christian Dick – Quoi de mieux que le cadre somptueux de Lavaux pour mettre en scène un beau roman de terroir? C'est là que l'écrivain Christian Dick installe l'intrigue de son polar "Disparue en Lavaux". Si l'intrigue assume ses zones d'ombre, elle propose aussi au lecteur un regard aiguisé sur une société moins paisible qu'on ne le pense lorsqu'on traverse la région de Lavaux en train et qu'on se laisse enivrer par le paysage.

Tout commence par une de ces scènes qu'on n'aimerait jamais voir: dans une gare du canton de Vaud, un clochard se fait molester par une bande de jeunes. Une jeune fille crie, donne l'alerte. C'était en 1990. Et le roman repart en 2019, autour d'une entreprise défaillante de machines-outils destinées à la viticulture. La police mène l'enquête, à la fois financière et criminelle. 

L'écrivain assume sa vocation d'auteur réaliste, à plus d'un titre. Le lecteur va donc découvrir avec intérêt, l'auteur y veille, les difficultés concrètes d'une entreprise mal gérée et d'un personnel qui ne peut pas compter sur un salaire tombant régulièrement. Côté coulisses, il y a aussi, et c'est le point de départ de l'intrigue, un incendie qui pourrait bien être criminel, sur le mode de l'arnaque à l'assurance. La question va traverser tout "Disparue en Lavaux".

Et pour le côté criminel, l'incendie va aussi laisser plus d'un personnage sur le carreau, ce qui n'empêche pas l'auteur de creuser tous ces gens, jusqu'à dépeindre toute une société gravitant autour de l'entreprise: Armand, l'héritier qui vit grand train, et son chauffeur James alias Gérard, deux sœurs très liées dont l'une, grande brûlée, finit sa vie après un coma artificiel prolongé, un "Clé d'Or" fort habile de ses mains, un pompier et quelques ombres qu'il s'agira de démasquer, et même des policiers. L'intrigue policière s'en va à un rythme lent mais sûr, irriguée par le petit vin de Lavaux à chaque tournant de l'intrigue.

Enfin, il y a le réalisme de la temporalité. L'auteur cite des événements effectivement survenus dans les premières années du vingt et unième siècle. Surtout, en ancrant son roman en 2019, il ne manque pas d'évoquer, avec le soin d'un insider, la Fête des Vignerons qui doit avoir lieu en été de cette année – une Fête des Vignerons qui a fait l'objet d'un autre polar du même écrivain, "Larmes vagabondes", paru aux Editions de la Rive.

Quant à la disparue évoquée dans le titre, le lecteur en découvrira l'identité, peu à peu, au fil de l'intrigue. Mais elle n'est pas la seule à avoir disparu... Entre bon vin et régates à la manière de "Le Disparu de Lutry", l'écrivain réussit avec "Disparue en Lavaux" à donner une vision séduisante et passionnée de Lavaux, peuplée de personnages villageois marqués par une certaine culture protestante, tout en allant voir ce qu'il peut bien y avoir derrière l'image de carte postale que ce coin de pays, protégé par l'Unesco, donne à voir aux touristes et aux voyageurs.

Christian Dick, Disparue en Lavaux, Sainte-Croix, Mon Village, 2022.

Le site de Christian Dick, celui des éditions Mon Village.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Allez-y, lâchez-vous!