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mardi 7 septembre 2021

Stéphanie Glassey: un meurtre en visioconférence

Stéphanie Glassey – Un meurtre au vu et au su de toutes et de tous, lors d'une disco organisée par visioconférence entre amis (quatre couples et leurs enfants): tel est le nœud de l'intrigue de "La dernière danse des lucioles", troisième roman de l'écrivaine valaisanne Stéphanie Glassey. Il y est question d'une bande d'amis... et de pandémie: c'est le premier roman qui me passe entre les mains et qui intègre le virus qui s'est installé dans notre quotidien il y a dix-huit mois environ.

Et c'est avec habileté que cette intégration se fait. D'abord le contexte: si tout se cristallise autour d'écrans le 4 avril 2020, la romancière fait remonter à bien plus tôt la genèse du meurtre de Laurie. Tout ne se passe donc pas dans le contexte confiné des appartements des uns et des autres: le lecteur a l'occasion de respirer quelque peu, par exemple lors d'un pique-nique non exempt d'inquiétudes, d'attirances étranges et de tensions sous-jacentes – où les arrière-plans paraissent eux-mêmes soignés, significatifs même.

"La dernière danse des lucioles" recèle une belle galerie de personnages, qui permet à l'auteure de cerner certains des comportements induits par les mesures liées à la crise sanitaire, et qui sont le résultat d'une attitude préexistante. Le personnage de Marc, en particulier, concentre jusqu'à la caricature les gestes de prudence et de distanciation – imposés aux autres, à commencer par sa compagne Leila, si nécessaire. La question du télétravail est suggérée de façon originale par le partage des tâches ménagères et de l'ordinateur chez l'enquêteur lui-même – un enquêteur qui n'apparaît qu'en début et en fin de roman. 

En effet, le processus d'enquête s'avère très secondaire par rapport à un propos qui, plutôt, s'attache à explorer les âmes d'une équipe soudée d'une façon bizarre, presque impossible tant elle est pétrie de tensions. Cette exploration peut passer par la répétition de scènes, vécues par plusieurs personnages, chacun à sa manière. 

Cette vision des choses transcende la mort, puisque, et c'est une trouvaille, l'auteure choisit de donner la parole à Laurie par-delà la mort. Elle compose ainsi la description crédible d'une nouvelle expérience, celle de l'au-delà, mais aussi d'un nouveau regard sur le monde, assorti de nouveaux ressentis.

"La dernière danse des lucioles" est ainsi un roman noir bien de son temps, empreint d'obsessions et de secrets qu'un chamboulement majeur des habitudes, à savoir le semi-confinement survenu en Suisse au printemps 2020, vient faire exploser soudain. Et bien entendu, la personne coupable n'est pas celle qu'on croit.

Stéphanie Glassey, La dernière danse des lucioles, Lausanne, Plaisir de lire, 2021.

Le site de Stéphanie Glassey, celui des éditions Plaisir de lire.

4 commentaires:

  1. Tu me rends curieuse avec ce roman. J'essaierai de le lire.

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    1. C'est à tenter en effet, une auteure à découvrir.
      Bonne journée à toi!

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  2. Cette histoire m'a l'air assez originale, le plot de départ aiguise ma curiosité :) C'est la première fois que je vois passer un thriller à propos d'un meurtre relatif à la pandémie. Pour le moment je ne vois pas de lien entre le récit et le titre (La dernière danse des lucioles) mais j'imagine qu'il faut lire le livre pour le comprendre !

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    1. En effet, le lien avec les lucioles est assez fugace, au contraire de la danse. Et pour moi aussi, c'est le premier roman qui me passe entre les mains et qui est en lien direct avec la pandémie - j'ai essayé d'éviter les journaux de confinement.
      Merci de ton passage et bon dimanche à toi!

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