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mardi 21 février 2017

Gaëlle Pingault, la poésie entre deux stations de métro

Pingault RameEgalement lu par Goliath,
Le blog de l'auteur, le site de l'éditeur - merci pour l'envoi.

Le métro avant toute chose: on dirait que les éditions Quadrature apprécient les écrits liés aux transports publics. Après le recueil "Je regarde passer les chauves" de Sandrine Senes, parfait pour une lecture entre deux stations de métro ou de tram, voilà que l'écrivaine Gaëlle Pingault propose "Avant de quitter la rame", recueil qui alterne destinées humaines et regards dans les transports publics. Cela, dans une écriture vive et moderne qui accroche.

Quoi de plus accrocheur, en effet, que la première personne du singulier? Quoi de plus intime qu'un narrateur qui vous interpelle? Alice, l'esthéticienne, a une voix gouailleuse qui claque, reflet d'un tempérament avide de liberté. En contrepoint, la figure de Nadya, s'exprimant à la troisième personne, semble tout de suite plus distante dans ces sept nouvelles intitulées "Poésie urbaine", qui s'entrelacent pour constituer, vaille que vaille, une histoire. Elles interrogent aussi, mine de rien, sur la place de la poésie dans la cité: si Alice ne supporte pas les fragments de poèmes affichés dans les rames du métro parisien, Alice, elle, y trouve du bonheur. Et de fait, la poésie finit par trouver sa place dans "Avant de quitter la rame".

Cet entrelacs de récits captés dans le métro fait écho à des textes épars, qu'on oubliera peut-être un peu plus vite - ce serait cependant une erreur. Je pense par exemple à "Un ciel d'orage", une très belle évocation d'un orage vue par une enfant, devenue adulte, avec un parfum de Georges Brassens. Toute en rythmes, "J'aime" est une nouvelle qui fait alterner à toute vitesse des vers doux et l'implacable énoncé des cours de la Bourse, tels qu'on l'entend à la radio. Et puis il y a cette fatigue lancinante dans "Perdre le nord". N'est-elle pas celle de plus d'un passager du métro parisien? Le lecteur l'imaginera volontiers, même si cette nouvelle se déroule bien ailleurs, jusqu'à ce symbole de liberté qu'est la mer.

Métro ou non? L'écrivaine n'a pas vraiment choisi, mais ce sont bien les transports urbains de proximité qui lui servent de fil rouge, dessinant des situations qu'on a probablement déjà vécues. Les nouvelles intitulées "Poésie urbaine" donnent la direction; et puis, la longueur des treize textes réunis dans ce recueil de 79 pages est idéale pour une lecture entre deux stations et, partant, pour quelques instants d'évasion.

Gaëlle Pingault, Avant de quitter la rame, Louvain-la-Neuve, Quadrature, 2017.


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